
Logo 1959 - 1963
La société Marcos, constructeur et marque britannique de voitures de sport, fut fondée à Luton dans le Bedfordshire (GB) en 1959 . Son nom vient de la contraction des noms de ses deux fondateurs : Jem Marsh et Frank Costin. Cette société visait le marché de la vente de voitures en kit, astuce qui permettait aux clients de contourner la taxe sur les véhicules neufs. La société déménagera dans un ancien moulin reconverti en usine situé à Bradford on Avon, Wiltshire en 1963 et en 1971, dans une usine flambant neuve achetée £125,000 près de Westbury. Jeremy George Weston « Jem » Marsh (né le 15 avril 1930 à Clifton, GB) est un ingénieur, motoriste et pilote de course.
 Jeremy "Jem" Marsh |
 Frank Costin |
Frank Costin (8 juin 1920 – 5 février 1995) est un ingénieur automobile, le pionnier dans la réalisation de châssis monobloc et dans l’utilisation et l’adaptation des techniques d’aérodynamisme dans la conception automobile. Il fut associé à de nombreux projets automobiles pour différents constructeurs, dont il influença très tôt le design aérodynamique, tels que Lister, Lotus, et créa des châssis de course pour Maseratti, Lotus et le Dealer Team Vauxhall.
Son frère, Mike Costin, n’est autre qu’un des co-fondateurs en 1958 de la société Cosworth, conceptrice de moteurs et d’électronique pour les voitures de course et ce encore aujourd’hui (Williams, Scuderia Toro Rosso, Hispania Racing F1 Team, Lotus F1 Racing et Virgin Racing).
 Usine de production Marcos - 1960 |
 Usine Marcos à Greenland Mills |
Frank Costin ayant travaillé à la conception du bombardier De Havilland Mosquito réalisé en bois, et plus précisément en contre-plaqué, il utilisa ses connaissances en aéronautique pour concevoir un châssis de voiture en contre-plaqué. Ceci permit de créer une structure ultra légère, habillée d’une coque aérodynamique performante ; un énorme avantage pour les voitures d’après guerre ayant de faibles performances.

Le bombardier lèger De Havilland Mosquito fait en bois !
Marcos GT – Xylon
La première Marcos sortie en production en mars 1960, la Marcos GT reprend donc cette technique : sa coque monobloc est réalisée en contre-plaqué. Elle fut équipée d’un moteur Ford 997cc puis d’un 1498cc et du train roulant de la Triumph Herald. Elle fut produite pour la course afin d’être dans la catégorie des moteur 750. Parmi les pilotes célèbres à avoir testé la Marcos GT : Jackie Stewart, Bill Moss and Jackie Oliver.
Le premier prototype datant de 1959 était alors appelé Xylon (mot grec pour bois). Dès qu’il fut terminé, Marsh parti pour un tour d’essai sur les routes à plus de 50 mph. N’ayant pas eu une seule bonne nuit de sommeil depuis 3 semaines, il ne réussit pas à tenir l’auto lorsqu’elle partit dans les airs et il se retourna. Marsh et Costin regardèrent tout de suite les dégâts et eurent la certitude que la structure bois était faite pour rester !
 Marcos Xylon 1959 |
 Marcos GT Xylon |
Marcos Luton Gullwing
A la fin de l’année 1960, Costin se désengagea de la société. En 1961, les frères Dennis et Peter Adams intégrèrent l’équipe Marcos et apportèrent de nombreux changements. En sortit, en novembre 1961, la Marcos Luton Gullwing (13 furent produites). Le châssis était composé de plusieurs fines épaisseurs collées ensemble de contre-plaqué marin, donnant ainsi une voiture de course très performante du fait de son faible poids (homologuée à 475kg) et de la solidité de sa coque.
 Marcos Gullwing |
 La même de dos ! |
Ensemble, Steve Miniprio, Graham John et David Rees remportent plus de 40 courses et battent 7 records dans le Championnat Autosport entre 1961 et 62. Ils la décrivent comme une formidable voiture de course.

Marcos Spyder Fastback GT
La Spyder, devenue rapidement la Marcos Fastback GT, est présentée lors du London Racing Car Show en 1963. Elle n’est pas très bien accueillie et l’ajout d’un toit en dur apparaît essentiel pour qu’elle plaise. Au total, 18 Marcos Fastback GT furent produites jusqu’en 1963 et presque toutes furent utilisées en compétition et entre autre sur glace en Suède.

Marcos Fastback GT - 1963
Marcos 1800 GT, Marcos 1500 GT, Marcos 1650 GT, Marcos 1600 GT
En 1964, sort la Marcos 1800 GT. C’est un vrai succès lors de sa présentation au Racing Car Show de Londres ! Son design plait beaucoup. Son châssis est en bois mais toute sa coque est en fibre de verre. A l’origine, elle utilisait le moteur Volvo 1800cc 4 cylindres avec une boite de vitesse overdrive.
 Marcos 1800 GT |
 Marcos 1800 - 1965 |
Mais en 1966, les ventes fléchissent et pour réduire les coûts, ce sont des moteurs Ford qui le remplacent :
- Un 1500cc, 85 ch. pour la Marcos 1500 GT (très populaire, environ 100 ex.),
- Puis en 1967 un 1650cc pour la Marcos 1650 GT développant 120 ch. Après de multiples changements de moteurs, la GT perd également son châssis en contre-plaqué au profit d’un modèle plus standard en acier. Ceci permet de raccourcir le temps de production et de rendre la voiture plus puissante avec un moteur six cylindres développant 140 ch.
- Fin 1967, la Marcos 1600 GT est lancée avec un moteur Ford 1600 ; un modèle très populaire puisque 200 furent produits entre 1967 et 69. C’est le premier à avoir en standard un toit ouvrant.
 Marcos 1600 |
 Tableau de bord de Marcos 1600 |
Ces modèles étaient principalement vendus dans le nord des Etats-Unis et pour passer les contraintes techniques imposées, c’est le moteur Volvo qui était utilisé. Ceci occasionna de nombreux retards et des problèmes. Au même moment, Marcos devait assumer les lourds coûts de développement de la Mantis.
Mais malgré un look attirant et une mécanique fiable, la marque ne parvient pas à décoller car elle ne correspond pas aux critères de sécurité des Etats-Unis, marché pourtant particulièrement friand des voitures sportives anglaises. C’est ainsi qu’en 1964, la société ferma ses portes, pour la première fois…
Mini Marcos
Alors que la Marcos GT avait gagné en largeur et en puissance, en 1965, Marsh décide pour se relancer de sortir une nouvelle sportive plus abordable et plus petite. C’est ainsi qu’est lancée la Mini Marcos, sur une base Mini habillée d’une monocoque en fibre de verre, pour seulement £199. Avec un empattement de seulement 69 pouces (1.8m), la Mini Marcos dessinée par Malcolm Newell était significativement plus courte que les autres modèles de Marcos. Elle était équipée d’un moteur transversal A-series (moteur Mini) et des berceaux avant – arrière de la Mini.

Mais pour la petite histoire, cette petite sportive vient de l’imagination de Desmond Addicott et de son projet DART soumis en 1962 à Jem Marsh. Dizzy Addicot a toujours été un passionné de Mini Cooper. S’appuyant sur ses connaissances en aérodynamique, il se décida à développer son idée d’une voiture sportive ayant la forme d’une “larme”. Jem Marsh et Dizzy Addicot s’associèrent pour finaliser le projet et pour le mettre en production. Mais des divergences sur semble-t-il la qualité recherchée de la coque en fibre de verre menèrent à la séparation des deux associés. Ainsi deux voitures différentes furent crées à 1 an d’intervalle.
Pendant que Dizzy était à la recherche d’un fabriquant, Jem Marsh développa le projet sous l’appellation Mini Marcos MkI. Finalement Dizzy céda l’intégralité de son projet à Jeremy Delmar-Morgan pour seulement £750 ! Ce qui donna lieu à la naissance de la Mini Jem. Au moment de découper le toit du Mini Van pour commencer la DART, le châssis s’est vrillé à l’arrière. Ce défaut ne fut jamais totalement corrigé est c’est pourquoi, la DART, la Mini Marcos et la Jem on toutes les trois l’arrière asymétrique.
 Mini Marcos (1966) |
 Mini Marcos au Mans |
Sa première apparition en public fut en 1965 sur le circuit de Castle Combe, conduite par Geoff Mabbs qui arriva premier. C’est donc sur piste que la Mini Marcos gagna ses lettres de noblesse. En 1966 au Mans, 55 voitures sont au départ mais seulement 15 à l’arrivée. La Mini Marcos est la seule voiture britannique à finir Le Mans, certes dernière mais face à Ford, Ferrari, Porshe… avec une moyenne de 146 km/h. Elle détient également de nombreux records de vitesse.
 Claude Ballot-Léna et Marnat au Mans en 1966 avec une Ford GT40 et une Ferrari P2 |
 "Première course - première place" la Mini Marcos gagne à Castle Combe 1965 |
Les Mini Marcos ont eu un tel succès qu’elles ont également été produites sous licence en Afrique du sud, Australie et Irlande.
Les difficultés financières arrivent vite cependant, certainement dues aux lourds frais de la nouvelle usine de Westbury et en 1971 l’usine manque de fermer mais Marsh s’obstine et reste aux commandes. L’entreprise, renommée Marcos Ltd. est maintenue grâce à un distributeur américain, la Rob Walker Group of Companies, qui va permettre d’écouler les stocks de voitures et de pièces sur le marché américain.
Plus de 1300 modèles sont sortis, toutes versions confondues (en kit ou complètes).
En 1991, contre toute attente, la Mini Marcos fut relancée ce jusqu’en 1995 sous licence au Japon pour répondre à la demande, les japonais étant très friands de la Mini et de ses dérivées.
Après la disparition de Marcos Sales Limited, Les moules de la Mini Marcos furent achetés par Rory Mc Math, de Marcos Heritage Spares, qui fit fabriquer toutes les pièces en fibre de verre. Marcos Heritage a relancé la Mini Marcos en 2005 sous le nom de Marcos Heritage Mk 6 et Mk6 GT (La marque Mini étant propriété de BMW).

La Mini Marcos Mk 6 GT est même intégrée dans le célèbre jeu vidéo Gran Turismo 4 !
Marcos Midas
La production de la Mini Marcos s’arrête en 1975 et est remplacée par la Midas sous l’impulsion de Harold Dermott, société D&H Fibreglass Techniques. La Marcos ayant un petit air démodé, il demanda à Richard Oakes de travailler sur un nouveau modèle. La Midas fut lancée en 1978 au Performance Car Show de Londres. Cette auto est équipée d’une coque auto porteuse en fibre de verre (sans châssis), d’un moteur, de la boite de vitesse et du berceau avant de la Mini. Le berceau arrière est un « beam axle » provenant du monde de la compétition Mini.

La Midas Bronze
Marcos Mantis
En 1968, deux modèles différents sortent sous le nom de Mantis. L’une est une pure voiture de course, la Marcos Mantis XP, un prototype de sport à la ligne très agressive, équipée d’un V8 BRM-Repco en position centrale arrière, spécialement conçue pour courir les 24 Heures du Mans.
 Nelson Marsh en Marcos Mantis à Spa en 1968 |
 Le ventre de la Marcos Mantis XP |
Après avoir été testée à Castle Combe et Silverstone, elle s’attaque aux 1000 kms de Spa-Francorchamps le 26 Mai 1968. Cette expérience est terrible pour la Mantis. Les conditions météo calamiteuses, la voiture prend l’eau et ne finit pas la course. Finalement, elle ne courra pas au Mans et sera produite en un exemplaire unique. Elle est actuellement aux Etats-Unis.
L’autre est la Mantis 2+2, à l’origine nommée M70, équipée d’un moteur de Triumph TR6, 2.5l, six cylindres, injection. Seulement 32 furent produites avant la fermeture de l’usine en 1972.

Marcos Mantis M70 coupé
Marcos Mantula, Spider and Martina
En 1984, sort le coupé Marcos Mantula, sous une nouvelle société du fondateur Jem Marsh. Cette Marcos ressemble beaucoup à l’ancienne GT mais est montée avec un moteur Rover V8, 3.5 litres, boite 5. L’alliage utilisé par Rover pèse nettement moins lourd que le vieux six cylindres et permet de la mettre en sérieuse concurrence avec les autres sportives de la gamme Rover comme la TVR et la Morgan. 170 exemplaires furent produits entre 1983 et 1992.
En 1986, la Mantula est disponible en décapotable sous le nom de Marcos Spyder avec un air proche de la GT. 119 Mantula Spyder furent produites entre 1985 et 1992.
 Marcos Mantula |
 Marcos Mantula Spider 1988 |
Eté 1991. Le public découvre la Marcos Martina uniquement disponible en kit. Elle est d’extérieur très proche de la Mantula mais elle arbore des prises d’air frontales. Cependant, elle est équipée d’un moteur 2 litres 4 cylindres et de nombreux éléments de la Ford Cortina mais utilise des pièces du train avant et arrière de la Mantula. 80 exemplaires furent produits entre 1991 et 1994.

Marcos Martina 1992
Marcos Mantara & LM 200 GTRS, 400, 500, 600
En 1992, Marcos arrête les kit cars (voiture en kit) et lance la Marcos Mantara vendue chez des distributeurs en nombre limité. Elle est montée avec un moteur Rover V8, 3.9 litres en série ou avec un 4.6 litres en option.

Marcos Mantara Spyder
D’autres versions suivront mais c’est sur piste que celles-ci seront visibles : une LM (Le Mans) pour la course et des versions pour la route : LM 400 (Rover 3.9 litres), LM 500 (Rover 5 litres), LM 600 (V8 Chevrolet 6 litres). Seulement 60 « routières » furent construites et seulement cinq LM 600.
 Marcos LM 500 |
 Marcos LM 600 Evo |
Marcos Mantis and GTS
En 1997, le nom de Mantis est réutilisé pour un coupé et une décapotable 2 places sur la base d’une Mantara LM équipée d’un V8 de Ford Cobra, pouvant ainsi atteindre 270 km/h.
La Marcos GTS est un dérivé de la nouvelle Mantis, mais équipée d’un 2 litres Rover. Le haut de gamme était équipé d’un turbo développant 200 chevaux.
 Marcos GTS |
 Marcos Mantis Challenge |
Marcos Mantaray
En 1997, la GTS devient la Marcos Mantaray, mais avec un V8 4.0 ou 4.6 de chez Rover. 11 furent produites en 4.0 litres et sept en 4.6 litres.

Marcos Mantaray 1999
Marcos Marcasite
Une nouvelle banqueroute intervient en l’an 2000. Dès l’année suivante, Marsh cède sa société à Tony Stelliga, un riche canadien amoureux de la marque, désireux de faire renaitre les Marcos. Marsh retrousse ses manches et les modèles se succèdent les uns après les autres, la plupart étant livrés soit complètes, soit en kit.

Marcos Marcasite TS 250
En 2002, sort la Marcasite TS250 : 2.5 litres, 175 ch., V6 Ford suivie de près par la TS500 en 2003, équipée d’un V8 Rover 5 litres.
Marcos TSO
La production reprend au compte-gouttes lorsqu’en 2004 est présentée, chez Prodrive à Kenilworth, la TSO. Le gage de sérieux apporté par la société d’ingénierie de David Richards, rassure les observateurs. En effet, ce spécialiste a déjà été appelé à la rescousse par les nouveaux propriétaires d’Aston Martin.
Le coupé Marcos TSO, propulsé par un V8 Corvette est proposé en 350 ch. ou en 400 ch. La même année sort également la TSO GT, V8 Chervrolet Corvette 5.7 litres, mais pour le seul marché australien. La TSO GT2 ne sort, elle, qu’en Europe.
 Marcos TSO de 2004 |
 Marcos TSO GT2 de 2005 |
En 2006, la TSO GT est modifiée en GTC avec des suspensions et des freins racing et un diffuseur arrière. La production continue… avec un moteur Chevrolet de 420 ch. mais est aussi disponible avec un Performance Pack 462 ch. (elle accélère de 0 à 97km/h en 4.1 secondes et jusqu’à 160 km/h en 8.5 secondes).
Hélas, Stelliga est contraint de déposer volontairement le bilan en 2008.

Une partie des photos et informations viennent des sites www.rory.uk.com et www.minimarcos.org.uk
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La grande aventure de la mini au Japon