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Sir Alec Issigonis (1906 – 1988), le père de la Mini

23/12/2010 Comments off

Designer automobile britannique d’origine grecque, Alex Issigonis est surtout connu comme le créateur de notre chère Mini, mais il a aussi créé 2 des 5 meilleures ventes de voitures de l’histoire automobile anglaise : la Morris Minor et l’Austin 1100.

”One thing that I learnt the hard way – well not the hard way, the easy way – when you’re designing a new car for production, never, never copy the opposition,”… “Si j’avais une leçon à retenir, pas nécessairement à mes dépends,  c’est quand vous créez une nouvelle voiture ne copiez jamais, jamais la concurrence.” explique Alec Issigonis quand on lui demande de résumer son approche du design automobile.

En personnage excentrique et souvent très franc, Issigonis n’accordait que peu d’intérêt aux études de marché et même aux mathématiques, décrits comme “l’ennemi de tout homme vraiment créatif” (“the enemy of every truly creative man”).

Sir Alec Issigonis

Sir Alec Issigonis, designer automobile

Sir Alexander Arnold Constantine Issigonis, dit Alec Issigonis (18 novembre 1906 – 2 octobre 1988), était un ingénieur grec, né à Smyrne (Izmir) en Turquie. Enfant, il ne montre aucun intérêt pour l’automobile et attend ses 12 ans pour monter dans une voiture pour la première fois.

Son père, anglais d’origine grecque, était ingénieur dans la fabrication de moteurs de sous-marins et c’est à son contact qu’il va découvrir et apprécier la mécanique. Malheureusement, son père meurt peu de temps après leur exil vers la Grèce, Alec n’a que 16 ans. Ainsi, sa mère, Hulda, la fille d’un brasseur bavarois, devient la figure pivot dans sa vie.

famille Issigonis

de g à d : Hetty Walker, Mr Ritchie, Clara Crespi, May Walker, Constantine Issigonis, Alec Issigonis, Hulda Issigonis, Gerry Walker

Après la première guerre mondiale et après la défaite de l’armée grecque face à l’armée d’Atatürk en 1922, Hulda et Alec quittent la Grèce pour l’Angleterre.

Quand il sort diplômé à 19 ans, sa mère lui offre une voiture, une Singer 10 qu’il nomme Salome, pour qu’ils fassent ensemble un tour de l’Europe de 2 mois. Cette expérience le mènera en Belgique puis en France (Paris, Versailles jusqu’à Monte-Carlo et un passage par les Alpes) et fait naître en lui l’envie d’améliorer la fiabilité des voitures de l’époque tant les problèmes techniques ont été nombreux !

Hulda Issigonis à bord de la Singer Saloon nommée "Salome".

Alec résiste au souhait de sa mère de le voir faire des études d’Art et en 1925, il s’engage dans un cycle de trois années d’études d’ingénieur en génie mécanique à Battersea Polytechnic. Pour la petite histoire, Issigonis échoue trois fois à l’épreuve de mathématiques mais excelle dans le dessin.

A la fin de ses études, il commence  à travailler en 1928 en tant que dessinateur et commercial pour un bureau d’étude automobile qui développait un type d’embrayage semi-automatique. Avec sa première paye, il s’achète une Austin Seven qu’ils transforme afin de participer à sa première course en 1929.

Pendant son temps-libre de 1933 à 1938, Issigonis travaille avec son ami George Dowson sur un projet personnel de création d’une voiture de course faite maison : la Lightweight Special. Construite sans l’aide d’outils de production professionnels, il ne la finira jamais, son travail lui prenant trop de temps, mais cela lui permet d’apprendre à se servir de ses mains.

Austin Seven Sports d'Alec Issigonis - 1930

l'Austin Seven Sports d'Alec Issigonis - 1930

Issigonis-George-dowson-lightweight-special-1939

Alec conseille George Dowson au volant de la Lightweight Special - 1939 Course de côte de Prescott-Hill

En 1936, il entre chez Morris Motors au poste d’ingénieur du train-roulant, une société fondée à Oxford en 1912 par William Morris. Celui-ci était convaincu de la possibilité d’une production de haut volume, à faible coût suivant le modèle de Ford.
Issigonis y développe sa connaissance des systèmes de suspension indépendante, moins onéreux que les autres et met au point un système de ressorts de suspensions indépendantes (à la place des lames de ressort) pour la Morris Ten de 1938.

Issigonis, designer chez Morris Motors

Issigonis, designer chez Morris Motors

Morris Ten

Pendant la seconde guerre mondiale, Morris Motor participe à l’effort de guerre. Issigonis, exempté d’armée, reste à l’usine de Cowley et travaille sur des véhicules militaires de différents types et sur des moteurs d’avion.
Malgré cet engagement, la société travaille à partir de 1941 au développement d’un véhicule populaire, aux faibles coûts de production, une voiture compacte de deux places.

Travaillant sous la direction de l’ingénieur en chef de Morris Motor, A. V. Oak, Issigonis imagine quasiment entièrement le design et les spécifications techniques de la Morris Minor, alors nommée projet “Mosquito”. Oak le soutient grandement et donne à Issigonis la liberté totale sur le design complet de l’automobile et la possibilité de créer une toute nouvelle carrosserie à partir d’éléments existants de châssis.

William Morris, devenu Lord Nuffield, est furieux quand il voit le prototype final et le surnomme “the poached egg”, l’œuf poché ! De nombreux journalistes et professionnels de l’automobile se rangent à son avis lorsqu’elle est mise en vente en 1948 mais ils changent d’avis rapidement, certainement du fait de sa grande facilité de conduite en comparaison des autres véhicules de cette époque. Ce modèle fût produit jusqu’en 1971 !

Dessin Mini Minor

Morris Minor

Encouragé par le succès de la Morris Minor, Issigonis continue ses recherches en design chez Morris Motors, mais quand celle-ci fusionne avec l’Austin Motor Company en 1952 pour former la British Motor Corporation (BMC), il démissionne de peur de perdre sa liberté dans une si grosse entreprise et intègre la société Alvis.
Là, il travailla à un projet de voiture de luxe du type limousine avec son ami Alex Moulton, spécialiste des systèmes de suspension qui invente le concept de suspensions hydrolastiques et devient célèbre plus tard pour sa bicyclette compacte à petites roues.

Alex Moulton et son célèbre cycle Moulton

Quand Alvis met fin à ce projet pour fautes de moyens financiers, Issigonis accepte l’invitation de Leonard Lord de réintégrer BMC. La mission confiée à Issigonis et son équipe est de trouver un moyen de combattre l’importation en masse de “bubble cars” à bas prix venues d’Allemagne et d’Italie.

Bubble Car Iso Isetta

Bubble Car Iso Isetta

Bubble car Isetta cuba

Bubble car Isetta Cuba

Il travaillera en étroite collaboration avec le dessinateur Jack Daniels qui sera chargé de transformer ses dessins en schémas techniques de production de prototype.

Jack daniels 1959 Ado 15

Jack Daniel travaillant sur le projet ADO 15 - 1959

Afin de regagner des parts de marché, son département est chargé de créer un véhicule sophistiqué sur le plan du comportement, économique (donc bon marché à l’achat et à l’entretien) et contenant 4 places, le tout en utilisant un moteur déjà existant chez BMC.

Issigonis est réputé pour avoir dessiné les parties clés du projet top secret appelé à l’origine XC 9003, avant celui de l’ADO 15 (Austin Design Office Project 15), sur des nappes de tables de restaurants. Le design développé est révolutionnaire et est en passe de devenir la meilleure vente de voiture d’Europe : la Mini.

Train-avant de Mini dessiné sur un coin de table

Plan de la Mini

Issigonis n’a pas inventé le concept de mini voiture mais devient le créateur de la plus célèbre d’entre elles. Il place transversalement le moteur qui se trouvait traditionnellement dans une position longitudinale, permettant de gagner de précieux centimètres sur la longueur totale. En changeant l’emplacement du moteur, il gagne tant d’espace qu’il peut accommoder une quatre places sur une base de petite taille, facile à stationner. Au final 80% des 3m de long de la voiture sont dédiés aux passagers et à leurs bagages.

La Mini bénéficie des recherches d’Alex Moulton sur les suspensions : son objectif était d’obtenir une flexibilité variable, particulièrement favorable sur une auto légère dont la charge varie fortement selon que le conducteur roule seul ou bien accompagné de trois passagers. Alex Moulton avait déjà breveté un système de suspensions interconnectées dans lequel des éléments de caoutchouc travaillaient en compression.

Ce matériau se révèle idéal pour la Mini : par rapport à son volume et à sa masse, il possède une très grande capacité de charge doublée d’une propriété d’auto-amortissement (appelée hystérésis). Sur la Mini, le système Moulton économise une place précieuse : un cône de métal relié au bras supportant la roue déforme progressivement un bloc de caoutchouc. Plus le cône s’enfonce, plus le caoutchouc lui oppose de résistance : sans perdre de son élasticité, la suspension se durcit ainsi progressivement. Les suspensions avant indépendantes donnent ainsi la très bonne tenue de route de la Mini.

Alex Moulton et Alec Issigonis

Suspensions hydrolastiques Moulton

De plus, il fallait être fou ou du moins parfaitement obstiné pour se présenter chez Dunlop et demander la fourniture d’un pneu si ridiculement petit, capable de résister aux contraintes imprimées par une voiture de 635 kg lancée à 120 km/h. A l’époque, la Fiat 500 roulait sur des pneus de 15 pouces, tandis que les enveloppes de 10 pouces étaient réservées aux microvoitures de type Heinkel ou Isetta : des engins moitié moins lourds et moitié moins rapides que la Mini !

Tout autre qu’Issigonis aurait été refoulé sans ménagement. Mais le responsable des études de la British Motor Corporation (BMC) avait l’avantage de bien connaitre personnellement son homologue de chez Dunlop, Tom French. Ce dernier lui prête une oreille bienveillante et on raconte que sans sa bonne humeur et son esprit d’entreprise, le défi lancé par Issigonis n’aurait pas été relevé : concevoir un pneu de 10 pouces capable d’effectuer 935 rotations par kilomètre contre 700 pour une enveloppe de 12 pouces.

Contre toute attente cependant, Dunlop a la partie facile : ses pneus ne feront jamais parler d’eux, au contraire de l’embrayage ou de l’étanchéité de la caisse, tous deux sujets à des défaillances sur les premiers modèles.

Voilà qui est heureux car Issigonis avait fait des roues de 10 pouces la clé de son projet. On a souvent tenté de décrire à quoi aurait ressemblé le fruit de l’étude ADO 15 si elle avait du se contenter de roues plus grandes.

Une Mini équipée de roues d'Austin 7, presque deux fois plus grandes que celles de la mini. Issigonis la montrait à tous ceux qui doutaient de son choix de pneumatiques !

Après avoir conduit un prototype, Sir Leonard Lord intime l’ordre à Issigonis de sortir la voiture en production dans l’année. Le design était tellement différent que BMC était consterné par le coût des outils de production nécessaires. Loin de se laisser décourager, Issigonis dessine ces outils lui-même.

Alec Issigonis présente la Mini à la presse le 18 août 1959 à Chobham.

Lancée en 1959, la Mini devient bientôt un best-seller en Europe et est petit à petit érigée comme une icône des années 60. Parmi les 5 millions de Mini produites par BMC, plusieurs sont acquises par des célébrités telles que les Beatles, Peter Sellers, Dudley Moore ou Steve Mc Queen.

La Mini, un véritable mythe made in England !

Dessin du prototype de la Mini par Issigonis

Le plus grand éclairage médiatique de la Mini est certainement dû au film The Italian job avec Mickael Cain, sortit en 1969, mettant en scène de nombreuses courses poursuites de Mini.

italian-job-movie-1969

Toujours ambitieux, Issigonis développe de nombreuses versions comme le Van, le Pick-up ou la Moke (véhicule militaire à l’origine), la Morris Mini Traveller (utilisée par les pompiers et la poste en Grande-Bretagne).
La seule variation qui ne l’intéressait pas était celle pour la course et le rallye, alors que son design et sa bonne tenue de route en faisait une voiture toute adaptée à la compétition.
Ceci n’échappe pas au constructeur automobile John Cooper qui transforme la populaire petite Mini en une voiture de compétition de haute performance, la Mini Cooper, qui remporte de nombreux prix.

James Hunt, Jackie Stewart et Niki Lauda commencent leur carrière de course en Mini Cooper !

1964 Racing Car Show, après la victoire de la Mini au Rallye de Monte Carlo. A droite, Alec Issigonis et John Cooper. Face à la Mini ,Bill Appleby, Chef motoriste chez BMC, createur du moteur série A.

Par la suite, Issigonis persévère dans son obsession d’optimisation d’espace associée à un véhicule ayant une bonne tenue de route et se penche sur les voitures de taille moyenne.

Il donne à BMC le modèle 1100, travaillant en collaboration avec Pininfarina en Italie, dont Sergio Pininfarina dessine lui-même la coque extérieure. Lancée sous le nom Morris 1100 en 1962 et un an plus tard comme Austin 1100, elle servira bien les intérêts de BMC grâce sa ligne propre et classique.

Austin Morris 1100

En 1961, Alec Issigonis devient membre du directoire de l’Austin Motor Company et deux ans plus tard de toute la British Motor Company. Il est admis comme membre de la Royal Society puis est anobli par la reine en 1969.

En individualiste sans compromis, on attribue à Issigonis la phrase “a camel is a horse designed by committee”, un chameau est un cheval créer par un comité… C’était un penseur indépendant dédaignant les conventions et qui n’acceptait pas les conseils croyant profondément que ce qu’il créait était suffisamment bon pour tout le monde.

Sir Alec Issigonis prend sa retraite en 1971, mais gardera un bureau d’étude à l’intérieur de la société jusqu’en 1987. Il décède le dimanche 2 octobre 1988, peu avant de fêter ses 82 ans.

La Vie de l'auto - 13 octobre 1988 - décès Issigonis

La Vie de l'auto - 13 octobre 1988 - Disparition Issigonis


Décorations:

# Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique (CBE), 1964
# Médaille Leverhulme,1966
# Membre de la Royal Society (FRS), élu le 16 mars 1967
# Chevalier, 1969

Source : Issigonis, the official biography, par Gillian Bardsley mais aussi www.designmuseum.org

Histoire de la Mini – Les Prototypes

22/03/2010 Comments off

Léonard Lord était un puriste, aussi il ressenti l’arrivée des “bubble cars” sur les routes britanniques d’après guerre comme une invasion voire une offense. Sa volonté était à cette époque de les éradiquer des routes de sa gracieuse majesté.

Mars 1957, Lord demande à Alexander Arnold Constantine Issigonis d’abandonner tout travail en cours et notamment son projet XC9001 et de se consacrer exclusivement à concevoir une Miniature de la Morris Minor, avec des éléments déjà existants. Lord n’hésite pas à déclarer à Issi : ” Vous pouvez utiliser tous les moteurs que vous voulez, si ils sont déjà sur nos chaînes de production”.

Sans avoir une dénomination établie, la futur Mini est déjà affublée d’une appellation standard de projet : ADO 15 (Austin Drawing Office n°15). Notons toutefois que le travail réalisé sur le prototype XC9001 peut paraître avant coureur de celui de la Mini. En effet si on oublie le moteur tout aluminium et la traction arrière, ce véhicule possède déjà une suspension hydrolastique et a une vague ressemblance avec ce que pourrait être une Mini à quatre portes.

Projet XC 9001 - 1956

Projet XC 9001 - 1956

Alors que les diplomates de six nations européennes majeures  construisent le futur de l’union à Rome, une petite équipe d’une dizaine de têtes pensantes concentre ses efforts sur ce projet au “Kremlin” de Longbridge.  Au départ celle-ci est composée de  :

Jack Daniels (Morris, très impliqué dans les systèmes de suspension),
John Sheppard (Alvis, en charge de la structure monocoque avec Everton),
Vic Everton (impliqué dans la structure monocoque avec Sheppard),
Chris Kingham (motoriste chez Alvis),
Chris Mac Kenzie,
John Wagstaff,
Charles Griffin (Morris),
Dick Gallimore (concepteur des coques expérimentales),
Ron Dovey (constructeur des coques),
Ron Unsworth,
Dick Gallimore et
Georges Cooper (dernier “interpréteur’ des “brouillons” d’Issigonis).

Ce noyau dur servira à formaliser les idées du concepteur.

Chris Kingham et Jack Daniels participent à quelques “brainstorming” avec Alec. Ce dernier ne s’embarrasse pas de précision, et par de rapides calculs et dessins à main levée (certains bien connus au dos d’une enveloppe ou sur des sets de table) transcrivent dans un premier temps de manière visuelle ses idées. Alec communique avec son équipe via des dessins, puis tel un sculpteur corrige petit à petit son œuvre.

Ce mode de communication, quelque peu brouillon mais réfléchi, pose les bases du projet. Alec n’en changera pas ! Charge à Sheppard et Everton de reformuler avec plus de précisions les multiples dessins du maître. Cette méthode de travail hors norme, dans un pays plutôt conservateur, inquiète quelque peu. Au final ce mode de travail se révèlera efficace, pour cette équipe projet autonome bénéficiant d’une totale liberté.

1. Je “brouillone”, vous reformulez !

Fiat 600 de Dante Giacosa

Construire un véhicule plus grand qu’il n’en a l’air est un défi que doit relever Issigonis. 80% de l’habitacle doit être réservé aux passagers et un maigre 20% à la motorisation ! En terme de dimensions, il se doit de surpasser la Fiat 600 de son homologue Dante Giacosa. La solution retenue par Giacosa pour optimiser l’espace passager consiste à mettre le moteur 4 cylindres à l’arrière.

Issigonis est très excité par le “challenge” et souhaite concrétiser quelques idées… qu’en fait il impose. L’ADO 15 sera munie d’un ensemble moteur/boite à l’avant, unique solution pour obtenir un plancher plat ! Cette idée est loin d’être simple, car compte tenu de la longueur du véhicule, il faudra faire tenir transversalement l’ensemble entre les deux roues à l’avant. Un essai décevant consiste à supprimer deux cylindres pour gagner de la place, mais le moteur devenu poussif avec ses 500cc n’est pas retenu.

2. Avançons rapidement

Issigonis est l’homme d’une seule question : “pourquoi cela n’a t-il pas été réalisé auparavant ?”

La solution finale consiste à placer la boite de vitesse (et la transmission) sous le moteur avec un bain d’huile commun, positionner l’embrayage sur un côté du bloc, utiliser une suspension développée par Alex Moulton et créer des roues et pneus en 10 pouces avec l’aide de Tom French (Dunlop). De telles roues n’ont jamais été utilisées sur une automobile auparavant et la firme Lockheed est mise à contribution pour concevoir des freins à tambours adéquats.

Ces solutions retenues se concrétisent rapidement au mois de juillet 1957 par la construction d’une maquette en bois. Puis au mois d’octobre de la même année, deux prototypes de couleur orange sont produits. Ils seront surnommés “orange box” (boite orange).

L’un de ces prototypes est affublé d’une calandre de A35, le moteur est positionné de manière transversale, le carburateur se trouve sur la face avant côte à côte du collecteur d’échappement avant.

L’équipe est soudée. Alec en est le chef d’orchestre bien que n’étant pas vraiment de son propre aveux ingénieur dans l’âme, l’artiste en impose par ses schémas et sa posture soignée. Leonard Lord est pressé par le temps, les restrictions d’essence mensuelles par ménage sont alors de l’ordre d’environ 50 litres !

Les premiers tests des prototypes sont décevants, l’un d’eux vient même à tomber en panne juste avant de sortir de l’usine. De plus les choix adoptés montrent une faiblesse de taille : par temps froid le carburateur givre ! En effet, le moteur n’est ni plus ni moins que celui de la Morris Minor bricolé. Il faut donc revoir la boite afin de “retourner” le moteur à 180°.

Quelques études plus tard, tout rentre dans l’ordre avec notamment un carburateur côté tablier avant. Cette modification prendra une année. Le choix final fait que le carburateur est protégé mais l’allumage n’est cependant toujours pas à l’abri des intempéries.

11 Juillet 1958 : Lord conduit 5 mn l’un des prototypes autour de l’usine en compagnie d’Alec. Ordre est alors donné de mettre en production l’ADO 15 d’ici un an ! Ceci juste après quinze mois de mise en chantier par l’équipe.

3. Yes Sir !

Alec, ne rechigne pas à la tâche et se met immédiatement au travail. La cylindrée étant jugée trop importante, elle est réduite à 848 cc au lieu des 948 cc du prototype d’origine. Les essayeurs sur route ouverte, ont constaté une sérieuse tendance de cette voiture à dépasser sans difficulté des Jaguar et autres modèles sportifs ! Le résultat des performances est étonnant, alors que la vitesse de pointe de la Fiat 600 est de 92 km/h, celle de l’ADO 15 avoisine plus de 140 km/h. Rappelons que le moteur de type A de 803 cc équipait déjà la Morris Minor et l’Austin A30. Le premier prototype de l’ADO 15 était pourvu d’un moteur type A de 948 cc développant 37 CV avec un seul carburateur.

XC9003, 1957

XC9003, 1957

La XC9003 est très ressemblante au produit final. Hormis la grille et les clignotants, nous sommes très proches de ce que sera la Mini ! La légende est en marche.

A mesure que le projet ADO 15 se rapprochait d’une possibilité de réalisation finale, c’est légitimement que les départements concernés commencèrent à se préoccuper de trouver une appellation commerciale, ayant en tête qu’il s’agissait d’une conception “purement” Austin…